Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

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avaient offerte", pour voir le chantier de Portsmouth et l'armement qui s’y faisait contre les rebelles devenus depuis les chers amis et alliés, et parmi lesquels il avait déjà, en 1776, l'honneur de se compter.

Lerrre XXXIII (SECRÈTE). M"° de La Fayette à Masson.

Olmütz, 16 février 1797.

Vous aurez pu voir par nos lettres que l’idée exprimée par notre cher Pillet avait été également sentie par nous; depuis que la nation française ne veut plus être l’esclave et l'organe des brigands et rend aux vrais patriotes la possibilité et les moyens de la servir sans cesser de servir la liberté, M. La Fayette se reprocherait de souhaiter une délivrance où la France n’eût aucune part. C’est aux bons citoyens de son pays, puisque enfin ils peuvent parler, qu’il convient surtout de parler pour lui. C'est surtout aux réclamations françaises que, par un sentiment de patriotisme beaucoup plus que par aucun intérêt, il aimerait à devoir sa liberté. Vous savez même que, dans les temps où la bienveillance nationale n’avait pas encore recouvré la parole, il s’opposait à ce que le gouvernement américain fit auprès de la France aucune démarche qui pût donner à ses compatriotes l'apparence d’un plus grand tort, ou du moins faire ressortir celui que les amis de Ia liberté lui reprochaient ; en un mot, quoique ce genre de tort de la part du peuple ait toujours augmenté la gloire de ceux qui en furent victimes, il est nuisible à la cause populaire, et cette idée serait plus que suffisante pour que

1. Cf. Mém., I, p. 13.