Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

CORRESPONDANCE INÉDITE 307

Étes-vous en correspondance à Hambourg avec M. Masclet? Est-ce de lui ou d'ici que vous tirerez des fonds si votre séjour se prolonge? Vous en avez trop peu emporté.

Vous savez sûrement que, le 6 de juillet, rien n’était changé à leur sort. M" de La Fayette avait une plaie douloureuse à la jambe. Son mari maigrissait toujours. M. de Pusy était tout à fait malade, et le découragement commencait à leur reprendre.

Adieu, Monsieur, jamais je ne pourrai vous exprimer tout ce que mon cœur sent de reconnaissance, d'affection, d'union avec vous. Aucun pouvoir barbare ne pourra nous ravir le bien de tels amis. Nos chers intérêts sont soutenus par cette douce idée dans leur nouvelle situation.

Je crois qu'on nous a fait du mal en répandant ce bruit de retour ici‘ qui n'était peut-être nullement à leur convenance, que personne nulle part ne veut qu'ils reviennent avant que la paix soit bien établie, et qu'assurément eux-mêmes ne peuvent le désirer. Aussi nous ne cessons de répéter que c’est la liberté qu'on demande, et que l’on se séparera aussi longtemps, aussi loin que l’on voudra. Adieu, encore; j'ai le pressentiment que le succès viendra vous consoler de tant de sollicitudes. Ce qui peut faire frémir, c'est l'opinion que la paix peut se rompre avant que cette liberté ne soit effectuée; il y a apparence que vous ne quitterez plus le poste que vous avez pris?, et de violentes inquiétudes se méleraient au bien que nous fait votre prudence là. Mes compagnes sont occupées, comme moi, de vous, sans distraction,

1. A Wittmold,

2. Romeuf était attaché à la mission diplomatique du général Clarke à Udine et à Vienne.