Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

CORRESPONDANCE INÉDITE 321

le porteur ont été expédiées de cette ville le 19 août (v. s.)! et ont été, suivant l’ordre ordinaire, remises à Vienne huit jours après. Elles y sont donc depuis plus de trois semaines, et cependant rien n’a encore suivi la promesse de M. de Thugut, et les malheureux prisonniers d'Olmütz achèvent de périr dans leur affreux séjour; et quelque affectation que mette la cour de Vienne à publier qu’ils sont là le mieux du monde et qu'ils s’y portent bien, vous sentez que ces assurances sont peu tranquillisantes pour leurs amis. Il est plus que temps que l’on fasse droit à vos réclamations réitérées. La parole donnée aussi formellement par M. de Thugut à l'homme envoyé sous vos auspices, me semble vous fournir une heureuse occasion d’en presser l'exécution, et la loyauté de votre caractère ne me laisse aucun doute sur ce que vous ferez à cet égard. IL suffit que vous sachiez que la longue et atroce persécution exercée contre les premiers défenseurs de notre liberté est encore rigoureusement poursuivie, pour que je sois bien assuré de vos efforts pour la faire cesser. Tout ce que vous avez fait, ce dont j'ai été le témoin, et l'amitié personnelle que vous avez bien voulu me montrer, m'en sont des garants certains. Comme la malveillance est à son comble surtout depuis qu'ils ont nouvellement refusé avec tant d'énergie de renoncer aux droits que leur patrie peut exercer sur eux, j'ose vous demander avec instance de ne ralentir vos démarches que quand vous serez positivement assuré que les portes d'Olmütz sont enfin enfoncées.

1. Vieux style. Romeuf affecte déjà, envers Bonaparte, la flatterie de ne plus employer le calendrier républicain; il devrait écrire ici : 2 fructidor an V, au lieu de 19 août; de mème, en tête de sa lettre, il écrit : 16 septembre 1797, au lieu de : 30 fructidor an V,

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