Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

326 CORRESPONDANCE DE LA FAYETTE

je mieux sentir que je suis rendu à la liberté et à la vie, qu'en me tenant de nouveau sous le pavillon américain et rempli des émotions que votre cordiale bienvenue ne pouvait manquer d’exciter ? Oui, Messieurs, par les assurances amicales et flatteuses de votre bienveillance et de votre estime, vous me donnez un supplément de bonheur pour lequel je vous prie de me laisser vous offrir ma plus respectueuse gratitude.

Dans ce moment où notre captivité, honorée de si nombreux témoignages de bienveillante sympathie de la part des amis de la liberté, me rend si profondément sensible au constant et précieux intérêt que le peuple des États-Unis a daigné prendre dans notre cause, aux efforts prompts et répétés de leur gouvernement à son siège et chez ses représentants au dehors, permettez-moi particulièrement en ce lieu et entre toutes ces obligations, de rendre un hommage juste et sacré à un généreux fils de l'Amérique, l’héroïque Huger, qui, autant que son digne compagnon Bollmann, a, par la magnanimité dans la tentative et dans les souffrances, mérité l'admiration universelle et un titre à mon éternelle reconnaissance.

Dans les marques honorables de votre approbation pour ma conduite, je retrouve ces principes de liberté et d'ordre légal qui ont si heureusement prévalu dans notre révolution américaine. J'espère qu'ils garantiront toujours la prospérité des États-Unis. Permettez-moi, Messieurs, pour mes amis LatourMaubourg et Pusy et pour moi-même, de répondre par une parfaite gratitude à vos bons souhaits, à votre gracieuse invitation d'aller vers ces rivages fortunés dont le souvenir remplit mon âme des plus