Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

CORRESPONDANCE INÉDITE 327

agréables émotions, avec la vive impatience de les revoir. Quoiqu'il me manque des termes suffisants pour exprimer les sentiments de reconnaissanee et de respect qui me lient à vous, je vous prie d’avoir la bonté de recevoir l'assurance qu'ils sont pour toujours gravés dans mon cœur.

Lerrre XLI. La Fayette à Barras, membre du Directoire.

Hambourg, 14 vendémiaire an VI (5 octobre 1797).

Permettez qu’un citoyen arraché par le gouvernement de sa patrie aux vengeances des ennemis Coalisés contre elle, cherche à témoigner de nouveau sa reconnaissance en vous demandant un acte de justice, et à servir la République en appelant vos regards sur quelques-uns des membres de la nation les plus constamment dévoués à sa souveraineté.

Ce n’est pourtant pas de moi que je viens vous parler. Trop religieux envers la liberté pour m’excuser d’avoir rempli mes devoirs constitutionnels, je crois au moins superflu de relever ici d’absurdes inculpations; mon cœur et ma raison m'assurent également que je n’ai jamais cessé, que je ne cesserai jamais d’être citoyen français. Le gouvernement, en exprimant dans ses premières démarches en notre faveur le désir que Latour-Maubourg, Bureaux de Pusy et moi ne rentrassions pas actuellement en France, a reconnu que nous n’en avions pas perdu le droit. Mais avant d’aller, dans les circonstances actuelles, et comme c’est notre intention à tous les trois, retrouver en Amérique le premier berceau des républiques représentatives, il est un devoir sacré dont je dois m’acquitter.