Correspondance politique et confidentielle inèdite de Louis XVI, avec ses frères, et plusieurs personnes célèbres, pendant les dernières années de son règne, et jusqu'à sa mort

Fr

*“ œ DE LOUIS X'V I. "199

‘Le peuple croit s'intéresser à sa propre cause, et c’est moi seul que j’aurois pu défendre. Je pourrois donner le signal du combat; maisquel combat horrible, et quelle victoire plus horrible encore! Pouvez-vous croire que j'eusse triomphé, au moment où tous les ordres de l’État se réunissoient, où tout ce peuple s'armoit contre moi,où toute l'armée oublioit ses sermens, l'honneur et son roi. J’aurois donné, il est vrai, le signal du carnage, et des milliers de Français auvoient été immolés : ..... mais vous direz, peut-être, le peuple a triomphé; il vous a prouvé, par ses excès, que ses sentimens wétoient pas si généreux, qu’il osoit abuser de la victoire et poignarder son ennemi vaincu. Ah! ne comptez-vous pour rien le calme d’une bonne conscience? J’ai fait mon devoir ; et tandis que l’assassin est déchiré par les remords, je puis dire hautement; je ne suis pas responsable du sang versé ; Je n'ai point ordonné le meurtre ; J'ai sauvé des Français; j'ai sauvé ma famille, mes amis, tout mon peuple : j'ai la conscience intime d’avoir fait le bien; mes enne-