Correspondance politique et confidentielle inèdite de Louis XVI, avec ses frères, et plusieurs personnes célèbres, pendant les dernières années de son règne, et jusqu'à sa mort

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mis ont. cu recours aux forfaits. Que! cst celui d’entre nous dont le sort est le plus digne d’envie ? Cessez, mon frère, cessez de m'accuser : le temps, les circonstances , et mille causes, qu'il seroit trop long de détailler, ont fait les malheurs de la France. Il est trop cruel de me les reprocher; c’est se joindre alors à mes ennemis, et déchirer ce cœur paternel. Mon frère, je me suis sacrifié pour mon peuple; soyez persuadé que ce premier devoir rempli, je saurai me sacrifier pour vous et pour les Français qui vous ont suivi. Déjà votre éloignement excite des murmures; déjà les factions se promettent bien de nous accuser, et de tirer parti de cette démarche, qu'ils appellent, en ce moment, une fuite, une conspiration, un attentat. Ces idées se propagent; elles/produiront de funestes résultats, si la tranquillité n’est point rétablie; si votre rappel devient impossible ; si je néglige l’occasion favorable de rappeler, en France, les Français exilés volontairement, et qui doivent s’empresser d’obéir au vœu que je me ferai alors un devoir de manifestes