Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793
DANTON ÉMIGRÉ, 3
se développent parallèlement. Les mêmes puissances sont intéressées à l’une et à l’autre, et il s'ensuit une réaction de l’une sur l’autre. Au moment où la France est le plus violemment pressée sur ses flancs et où l’Europe semble prête à l’étouffer, il se fait tout à coup, vers les plaines de la Pologne, comme un grand effet de vide ; toutes les masses sont déplacées et la France soulagée peut reprendre haleine. C'est une action en quelque sorte mécanique ; la révulsion qui en résulte n’en est pas moins efficace, et la France en retire de formidables avantages (1). »
Avant M. Sorel, le général Jomini avait dit, à propos des mêmes événements :
« Le second démembrement de la Pologne, consenti à la diète de Grodno, tenant les Polonais en fermentation, Kosciusko avait profité de cette disposition des esprits pour lever, le 23 mars, l’étendard de l’insurrection à Cracovie. Cet incident, qui attirait toute l'attention de Catherine, formait une puissante diversion aux affaires du Midi, en contraignant la Prusse et l’Autriche, déjà ébranlées par les revers essuyés en Belgique et dans le Palatinat, à faire filer vers la Pologne une partie des troupes qu'il eût été si nécessaire de diriger sur le Rhin, pour ramener la victoire sous leurs drapeaux (2). »
Mais Danton avait même des espérances en Allemagne, où il escomptait l'influence des adversaires de l'alliance austro-prussienne : à Vienne, Kaunitz et Mercy d'Argenteau ; à Berlin, le duc de Brunswick, le prince Henri, Luchesini, Hertsberg ; cependant, c'était dans l'opposition anglaise qu'était son point d'appui le plus sérieux.
C'est cette politique, ayant pour but essentiel de vaincre la coalition et de lui faire poser les armes, qui fut définitivement adoptée par la Convention nationale et par le comité de Salut publie, lorsque le premier et
(1) L'Europe et la Révolulion française, par M. Albert Sorel, pages 502-503. (2) Histoire critique el militaire des guerres de la Révolution.