Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793
DANTON EN ANGLETERRE. 13
sez singuliers, du reste, de la part d’un fonctionnaire républicain, que le ministre plénipotentiaire des EtatsUnis adresse à la mission de l’ancien évêque d’Autun à Londres, il fait figurer celui-ci : « Ensuite il (Talleyrand) recevait et fréquentait les principaux personnages de l'opposition (Stanhope, Fox, etc.). Une allure pareille ne pouvait que fortifier la fâcheuse impression qu'avait faite en Angleterre l'annonce seule de son arrivée; on y était persuadé qu’il venait intriquer avec les mécontents (1). » =
Nous coneluons de ce qui précède que lorsque Danton passa en Angleterre, il put et dut y voir Talleyrand, qui le mit certainement en rapport avec les chefs du parti whig et continua de l'y maintenir après qu'il eût quitté ce pays.
Il nous paraît donc nécessaire d’insister et de bien établir les relations que Danton eut avec ce diplomate.
D'abord, on lit dans la Biographie des Ministres, qui fut publiée en 1895 :
« Ces bruits (les accusations de jacobinisme portées contre Talleyrand par les émigrés réfugiés à Londres) s'accréditèrent surtout lorsque, après les événements du 40 août 1792, on le vit continué par le conseil Exécutif provisoire dans la mission qu'il avait recue du roi (en avril de la même année). On prétendit alors que cette seconde mission lui avait été accordée sur la demande d’un des membres les plus marquants de ce conseil (Danton). »
Secondement, il existe dans les Mémoires de Barrère, à la date des premiers jours de septembre 1792, un renseignement encore plus explicite :
« Je trouvai dans ce salon, dit-il, M. l’évêque Talleyrand, en culotte de peau, avec des bottes, un chapeau rond, un pelit frac et une petite queue.
« J'avais été fort lié avec lui pendant les trois années de l’Assemblée constituante. Il m’aborda avec amitié;
(4) Mémorial de Governor Morris, T. 11, p. 118-119; Lettres à Washington, février et mars 1192.