Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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la Providence : ce fut la seule blessure que le fer ennemi n’eût pas faite qui devait être incurable pour Pajol comblé d'années de gloire, de fatigue, et cependant toujours désireux d’être utile, toujours prêt à se dévouer, toujours ardent à braver le danger, parce que Pajol, jusqu’à son dernier soupir a été bon, généreux, intrépide.

Des voix plus exercées que la mienne à fixer l'attention publique, rendront à la mémoire du général Pajol des hommages que le talent saura exprimer en termes dignes de sa haute renommée. Moi, je ne suis qu’un soldat ; l’affection et la reconnaissance m’ont conduit vers celte tombe; avant qu’elle se ferme, je vous dirai ce que je sais des services que Pajol a rendus à la France , de l'estime dont il jouissait, des nobles qualités de son cœur. Je peux vous en parler , car j'ai combattu sous ses ordres, et l’amitié dont il m’honora date de plus de trente années.

Claude-Pierre Pajol, lieutenant-général , comte et pair de France, grand-croix de la Légion-d’Honneur, grenadier et sergent-major en 1791 ; au 1° bataillon du Doubs, naquit à Besançon, le 3 février 1772. Son père, avocat au parlement de cette ville, le destinait à la même profession; mais le jeune Pajol partageait au plus haut degré l’élan patriotique qui donna tant de défenseurs à l'indépendance nationale, et qui attira de la Franche-Comté tant d’héroïques soldats sous le drapeau tricolore. Devenu sous-lieutenant au régiment de Saintonge, il n’ÿ fut pas moins remarqué par son extrême bravoure que par ses avantages physiques. Deux blessures et plusieurs actions d’éclat furent ses titres à la confiance de Kléber, qui le chargea de porter à Paris trente-six drapeaux pris sur l’ennemi, Blessé de nouveau au passage de la Lahn, il n’en prit pas une part moindre aux opérations de la campagne de 1796,