Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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du pays ne devrait admettre d’exemptions que les impossibilités physiques; les autres considérations ne sauraient être admises qu'avec une grande réserve; autrement vous feriez une loi sur le recrutement des services civils, et non pas une loi sur le recrutement de l’armée. Pour ce qui regarde le recrutement militaire, l'intérêt de la défense doit dominer tous les autres intérêts. La première condition de l’existence d’une nation, c’est d'être suffisamment armée, la loi du recrutement doit être écrite et conçue en vue de cette nécessité; plus les exemptions se multiplieront, moins les populations regarderont comme sérieuse la nécessité d’une défense commune.

J'ajouterai que, dansle cas d’exemption spécifié par l’article 14, se trouve le danger d’encourager la jeunesse à feindre la vocation cléricale pour échapper au recrutement, ce qui serait aussi nuisible aux sentiments religieux qu'aux sentiments patriotiques.

Le projet de la loi en discussion contient, au titre IV, des dispositions relatives au dépôt du prix des remplacements, lesquelles seraient d’une application difficile et dangereuse. Je les crois sans eflicacité pour assurer la réalité des dépôts, je les crois propres à rendre le remplacement plus cher, à favoriser la mauvaise foi et à faire naître une foule d’abus.

Telles sont les considérations que je me réserve de développer quand viendra la discussion des articles, et qui me détermineront à ne voler la loi qu'avec de notables changements que je supplie la chambre d’y introduire,

Je ne terminerai pas sans rendre hommage aux sentiments patriotiques et aux vues pleines de sagesse de votre commission, qui reconnait et qui déclare, avec toute l’autorité appartenant au caractère et à la haute position de ses