Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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Les récits héroïques de l’Algérie signalent à chaque instant nos admirables régiments de chasseurs d'Afrique. Cette cavalerie, la première du monde, compte un tiers de remplacants dans ses rangs; et ces remplacanls sont-ils moins prompts à se précipiter sur l'ennemi? moins empressés de suivre les traces de nos jeunes princes, dont la bouillante ardeur ne permet à personne de les devancer ? Non, messieurs, il n’en est rien ; tous ces chasseurs intrépides ont le même élan : aussi nos généraux d'Afrique, et à leur tête les fils du roï, rendent-ils une éclatante justice au courage, au dévouement des remplaçants,

Le remplacement est un moyen puissant de civilisation et de prospérité. En effet, il facilite aux vocations l’étude des sciences, la pratique des arts : il permet de continuer les carrières qui ne souffrent point d'interruption ; il vient en aide à l’agriculture en lui réservant le concours des bras les mieux exercés ; par lui les familles pauvres peuvent conserver le fils dont la profession les fait vivre ; enfin, il ouvre un refuge à l'artisan malheureux dont les bras sont sans ouvrage, et qui, en se rangeant sous le drapeau, échappe à la misère et quelquefois à l’opprobre.

Mais, dira-t-on, si le remplacement est avantageux aux populations, il s’en faut de beaucoup que l’armée ait à s’applaudir de ses résultats, du moins si on en juge par les graves reproches dont les remplaçants sont l'objet, et par l'espèce de réprobation qui les entoure. C’est là précisément ce que je veux examiner devant vous en allant au fond des choses.

On répète souvent , trop souvent, que les remplacants sont le rebut de la nation. J’ai lu dans des brochures, dans des journaux, j’ai méme lu dans l'exposé des motifs d’une loi de recrutement , que les remplacants sont la plaie de