Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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leurs généraux, la bravoure chevaleresque de leurs officiers: comme guerriers ; COMME hommes qui connaissent Le prix de la liberté, les Anglais ont droit à l'estime des Français; mais cela ne me fait point oublier que cette pation a des intérêts opposés aux nôtres sur beaucoup de points. Je ne suis pas en contradiction avec les sentiments que jai exprimés sur la nation anglaise, en disant qu’ils ne m’empéchent point d’être en garde contre la politique britannique et de la suspecter toutes les fois que nos intérêts sont en contact. :

Je n’ai pas la prétention de donner des conseils aux ministres ; mais j’examine ce qui se passe , je réfléchis sur leurs actes. Je ne mets pas moins d'attention à scrulter l'opinion publique : voici ce que je crois apercevoir, qu’ils me permettent de le leur dire ; c’estqu’à force de glorifier l'alliance anglaise, de la représenter comme faisant à elle seule toute notre vie politique, on ne finisse par mettre la nation en défiance. J'ajoute qu’on a tort de s’indigner, de se courroucer si fort quand l'opposition s'exerce sur l'Angleterre, et d'oublier que la contre-partie a lieu de l’autre côté du détroit.

En 1840, lorsque de graves difficultés avaient pris naissance entire les deux pays; la presse anglaise accusait les ministres qui dirigeaient alors les affaires en France; elle Jes aceusait, dis-je, d’exalter le sentiment national, de vouloir la guerre dans un intérêt personnel et pour le succès de leur système. La presse anglaise était dans son droit; je faisais partie alors du ministère, et je me glorifie jusqu’à un certain point de ces attaques. Mais alors on respectait ja pation française; on cherchait même, en lui décernant des éloges, à retrouver dans la nation le point d'appui qu’on ne croyait pas trouver dans le ministère français

pour la conservation de la paix.