Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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qui importe, c’est que les adhérents du ministère soient en nombre, c’est qu’ils aient confiance en lui, c’est qu'ils donnent à l'administration la force nécessaire pour garder

_ sa place à la tête dela nation et son influence sur la direetion des affaires publiques. Quand cette confiance s’altère, la politique devient confuse et incertaine. En pareil cas, il n’y a déjà plus de ministère longtemps avant sa disparition. Selon nous, la situation du cabinet est une sorte d’affaissement sur lui-même ; c’est une situation d’amoindrissement progressif, conduisant, nous le craignons, tout droit et infailliblement jusqu’au bout du fossé qu’il a creusé lui-même, et qui le sépare peut-être pour longtemps des instincts nationaux. Quoi qu’on en ait dit, cette situation ne résulte point d’une intrigue ; le patelinage, les agaceries excitées par l'appétit des portefeuilles ne l'ont pas créée; les individus n’y sont pour rien : c’est tout bonnement le public français qui s’en mêle. Ne cherchons done pas dans quelques hommes l'explication ou la cause de ce qui se trouve dans l'esprit de tout le monde. £

En voulez-vous une preuve? elle est facile à trouver; jetez les regards en arrière; remontez le cours des quatre dernières années ; comptez la décroissance annuelle du chiffre de la maïorité ministérielle, et, vous le verrez, ce n’est pas d'hier que cette majorité est en perte. A la fin de 1840, à l’avénement du ministère actuel, la majorité dont il disposait alors était trois fois plus forte au moins que celle dont aujourd’hui il se sent encore étayé. Ainsi, depuis celte époque , le cabinet a perdu plus des deux tiers des votes qui inaugurèrent son système, qui firent prévaloir cette politique qu'on a depuis qualifiée de politique outrée, et que l’on pourrait appeler aussi la politique par sentences ; car