Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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la couronne et le pays; je dis enfin que, pour le maintien du libre et plein exercice de l'autorité supérieure et régulatrice, je le dis sincèrement, c’est plus qu’une gêne, c’est plus qu’un embarras, c’est un péril, c’est un malheur, et un grand malheur, peut-être, que cette absence d’une siguification suflisante dans le résultat de la lutte où s’énervent et s’épuisent les forces qui la soutiennent, et dont l'emploi serait si utile, s’il ne s’appliquait qu’à la prospérité publique.

Nous le demandons aux esprits imparliaux, le résultat du débat dont on a parlé, le résultat que nous connaissons tous peut-il servir d'encouragement aux ministres pour persévérer, ou doit-il, ce résultat, leur être un avertissement qu'il se fait dans les esprits un travail nouveau, qu’il germe dans les cœurs quelque chose qui a cessé de leur être favorable; que le sentiment qui leur fut toujours contraire vient d'acquérir plus de force, plus d’expansion ; enfin que pour avoir élé progressives, cette force et cette expansion n’en seront que plus durables ?

Messieurs, la prudence qui persévère peut fonder le bien étre de la société ; quand c’est l’aveuglement, la chose 5 4 5 ; publique ne tarde guère à être mise en péril.

Qu'un ministère s’en aille ou demeure, ce n’est pas là ce qui doit nous préoccuper : ce qui importe à cette chambre, ce qui est d’un intérêt grave pour le pays, c’est que le ministère soit en situation de gouverner, c’est que la direction des affaires publiques n’échappe pas de ses mains pour descendre là où la responsabilité manque; ce qui importe, enfin, c’est que le ministère ait des adhérents, qu'ilait des adhérents sincères, des adhérents par principes ; ceux-là sont plus désintéressés, ceux-là sont de meilleur aloi que ceux obtenus par les faveurs mendiées et marchandées ; ce