Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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jours vu au service de l'opposition la plus avancée; enfin, un grand nombre deréélections et d'élections partielles auxquelles le ministère a pu donner tous ses soins, el dans lesquelles il a pu faire triompher tous ses adhérents. Il n’y a pas jusqu'aux succès de nos armes, jusqu'aux vicloires remportées par notre armée d'Afrique et par notre marine, qui ne soient restés stériles par rapport à l'influence plus grande que le ministère aurait pu en retirer; à ce point qu’on a été jusqu’à croire que sa présence dans une grande cérémonie avait pu comprimer lasatisfaction publique, tanton eraignait que les acclamations n’allassent pasà leur adresse, et qu’elles fussent détournées, confisquées au profit du système ministériel. Evidemment, toutes les circonstances que je viens d’énumérer auraient pu tourner au profit de la politique du ministère, lui donner les moyens de renforcer sa majorité, de la maintenir, et peut-être de l’accroître. Et cependant, malgré tous ces avantages, cette majorité s'est amoindrie. Tous les agrès dont le cabinet avait raffermi sa mâture ne l'ont pas empéchée de fléchir, et l’on pourrait craindre de voir bientôt chez nous un cabinet démâté. Pour moi, j'aimerais mieux le voir couler. (On rit.) Il n’est pas agréable d'aller au fond , et j’en parle par expérience, car J'ai été noyé deux fois (On rit); mais ce qu’il y de plus déplorable encore qu’un naufrage, e’est le spectacle si affligeant d’un cabinet voguant sans voiles, sans boussole et à la dérive. Ainsi donc, de tout ce que le cabinet a inventé et pratiqué, il n’est résulté pour lui aucun accroissement de force. Tous les efforts qu’il a faits n’ont pas atteint ce but, Rien ne prouve autant combien il y a chez nous de consciences pures qui sauraient résister à la captation et à l’intimidation. Rien ne prouve mieux combien ce pays-ci est foncièrement honnête, combien difficilement il prendrait le change sur ce qui ne l’est pas. Rien ne prouve mieux