Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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résistance , je prie la chambre d’en étre bien persuadée : il n’y a jamais d'opposition possible en présence d’un tombeau qui consacre une mémoire respectée, Mais j'ai recueilli mes souvenirs; j'ai consulté mes impressions ; j'ai recherché les impressions des hommes qui ont joué un grand rôle à cette mémorable époque ; j'ai consulté aussi les impressions du peuple, dont l’admiration pour Napoléon n’a rien perdu de sa ferveur.

Î. le marquis Turgot. Je demande la parole.

M. le général Cubières. C'est là, c’est là que j’ai puisé ma conviction ; c’est là que j'ai puisé la détermination de de m’opposer au projet de loi, et je viens en exposer trèssuceinetement les motifs à la chambre.

Est-ce que, sous cette coupole empreinte de la grandeur de Louis XIV , est-ce qu’il s’agit de réunir des ossements pour en faire un musée? Mais, messieurs, si vous y voulez un ossuaire de nos temps héroïques , pourquoi Duroc et Bertrand tout seuls auprès de Napoléon? Est-ce que, à l'ombre de tous ces drapeaux enlevés à l’ennemi, teints de son sang et du nôtre, est-ce que la place manquerait pour la cendre de ces intrépides généraux qui firent la plus ample moisson de ces glorieux trophées ?

Messieurs, il y a encore de la cendre qui s'appelle Mage séna : ce fut le nom d’un capitaine réputé grand, à côté même de celui qui surpassa tous les autres, Et ces généraux de la république qui recurent la mission d’improviser la victoire, de défendre nos frontières, que plus tard le génie de Napoléon devait porter si loin : Hoche, Kléber, Marceau, Dampierre, Dugommier, Championnet, Joubert, Desaix , ces martyrs de l’abnégation et du patriotisme, ces héros qui ne reçurent de dotations qu’une cocarde, qui n’eurent de décorations que leur dévouement, n’ont-ils pas