Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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ur sorte abdiqué son droit d'initiative pour fa distribution des nouvelles voies de locomotion, la fièvre que les entreprises de ce genre ont allumée, l’agiotage qu’elles ont créé, eussent été moindres et entourés de moins de périls. (Plusieurs voix. C’est vrai !)

Mais ce n’est pas seulement l’agiotage pécuniaire qu'il faut redouter ; il y en a un autre qui n’est pas moins à craindre pour les intérêts matériels du pays, c’est l’agiotage politique.

Nous pensons qu’il serait dangereux pour le Gouvernement comme pour le pays de mêler la politique aux chemins de fer; ces établissements de rail-ways si désirés et si dispulés dans leurs directions diverses ne devraient jamais être discutés, jugés el accordés suivant d’autres considérations que celles ressortant de la nature même des choses. Et cependant nous avons dû craindre un moment qu’on ne se servit des chemins de fer pour tirailler MM. les ministres dans tous les sens, et nous aurions voulu leur éviter ces tiraillements.

(On rit)

Aujourd’hui une autre crainte se manifeste; on semble redouter que les chemins de fer et l'engouement qu'ils excitent ne servent à tirailler l’opinion publique, à la violenter, à la faire sortir de son calme et de sa direction habituelle, de sorte que les chemins de fer, après avoir servi de leviers pour faire dévier l'administration, pourraient devenir tôt ou tard des forceps d'élection. (Hilarité générale.)

Ce serait un grand malheur, à nos yeux; car, outre que la politique embrouille, obseurcit les questions les plus simples et les plus claires de l'économie intérieure d’un pays, son intervention en pareille: matière ne pourrait que faire naître de nouvelles complications, ne pourrait qu'envenimer la lutte déjà si vive où sont engagées les rivalités de l'intérêt de localité, et nous conduire à ce ficheux résultat dé voir chez nous, à l’intérieur, s'évanouir, disparaître l’entenie et la