Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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désirable lorsqu'il s'agit d'innover en matière de législation, lorsqu'il s’agit de mesures législatives applicables à des possessions lointaines, et, disons-le, depuis si longtemps menacées dans leur existence. Certes, aucun de nous n’a pu oublier les traverses, les rudes épreuves par lesquelles nos colonies ont dû passer et d’où elles sont à peine sorties. Des fléaux destructeurs, les ouragans, les tremblements de terre se sont déchaïnés contre les Antilles françaises ; mais ces calamités physiques, qui heureusement ne sont que passagères, avaient été précédées par un mal permanent et s’agravant chaque jour, par la décadence commerciale et agricole. La ruine complète de nos colonies n’a été suspendue, vous le savez, que par la protection d’une surtaxe graduelle imposée au sucre indigène.

Mais, messieurs, les effets de cette protection tardive et peut-être incomplète commencent à peine à se faire sentir; ies plages de la Guadelogpe sont encore jonchées de débris. Dans de telles circonstances, devions-nous donc nous montrer si empressés d'ajouter à tant d'épreuves, d'ajouter aux maux réels qu’elles ont fait naître, d’ajouter les embarras, les difficultés, le malaise que ne peuvent manquer d’entraïner après eux des changements intempestivement coneus, et introduits sans nécessité évidente dans une législation qui fonctionne depuis plus de douze ans sans inconvénients graves ?

Certes, les colonies doivent être reconnaissantes et elle le sont réellement; certes elles doivent tenir compte, et en effet elles liennent compte des sentiments de bienveillance dont le témoignage est écrit dans lexposé des motifs du projet de loi, et mieux encore dans le rapport de votre commission.

Mais toujours est-il que l’inquiétude des colons, que même leurs défiances, et ils sont fondés à se défier des expériences ; toujours est-il que les inquiétudes des colons ont été éveillées : par la présentation du projet de loi, et que le travail si consciencieux de votre commission n’a pas suffi pour rassurer leur confiance ébranlée.