Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

Eh.

C'était là un motif suffisant pour désirer l’ajournement, Në devions-nous pas prendre le temps de nous enquérir des causes de ces prévenlions, ne devions-nous pas leur laisser celui de s’évanouir ? Enfin, le Gouvernement devail-il renoncer au bénéfice toujours certain de cette utile controverse, dont le public ne manque jamais de faire les frais quand de grands intérêts sont en jeu ?

Le projet de loi porte la date du 14 mai 1844. Cette date est assez récente, eu égard à la distance où se trouvent des centres législatifs les choses et les hommes de l’autre monde sur lesquels la noûvelle loi doit réagir. Telles sont les causes générales qui, selon nous, auraient dû engager la chambre à ne point s'occuper du projet de loi et qui devraient la décider à le rejeter.

Toutefois, comme tout ce qui touche à l’adminisiration ét à la législation des colonies se trouve en connexion plus ou moins étroite avec la grande question de l'abolition de l’esclavage et de l'émancipation, il se pourrait qu'aux yeux de ceux qui se préoccupent le plus vivement de cette grave question, el qui s’en préoccupent assez pour s'inquiéler moins que nous du sort de nos colonies, il serait possible, dis-je, qu'aux yeux de ces personnes, l'opinion de l’ajournement, celle que je partage et que je défends en ce moment, ait pris une couleur, une leinte d'opposition à toute émancipation, et nous fasse passer pour les ennemis de l'abolition de l’esclavage. C’est sur ce point que je démanderai à présenter quelques observations, non pas seulement dans mon intérêt propre, mais au nom également de ceux de mes honorables collègues qui auraient désiré l’ajournement de la discussion.

J'ai entendu dire à cette tribune qu'entre vouloir labolition et vouloir le maintien de l'esclavage, il n’y avait pas de place pour une opinion intermédiaire, et que par conséquent ceux qui s’opposaient à des mesures formant en quelque sorte