Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

= 407 charge des métropolitains, c’est-à-dire à la charge de la nation francaise. Il n’en coûterait, dit-on, à la France qu’environ 170 millions pour accomplir cette œuvre expiatoire de l'émancipalion.

Quant à nous, nous avons feujours repoussé l’idée d’une indemnité intégrale, dans le sens et sous la forme qu’on paraissait disposé à lui donner , à l'instar d’une opération désastreuse, consommée dans ces derniers temps, el non loin de nos colonies. Nous ne consenlirions jamais à grever notre pays d’une pareille charge, car nous croyons que ce sacrifice serait complétement inutile. Ce sont des bras qu’ils faut à nos colonies pour produire, et non de l'argent, car, aujourd’hui même, avec de l’argent on ne saurait se procurer des bras.

Nous comprenons, nous respectons le sentiment philanthropique qui anime un grand nombre d’hommes éclairés, parmi lesquels, personnellement, nous comptons beaucoup d'amis. On comprendra aussi, et l’on respectera en nous, il n’y a pas de doute, le sentiment, peut-être la préférence qui nous inspire en faveur de nos compatriotes, qui nous force avant tout à compalir à leurs souffrances, qui nous presse avant tout de nous préoccuper de l'intérêt et des besoins du pays.

On nous entretient incessamment du grand œuvre de l’affranchissement, de l’œuvre expiatoire de l'émancipation; des esprits très-distingués en font depuis longtemps leur occupation principale et l’objet de toutes leurs méditations. Ils s’évertuent sur la matière, ils l'ont réduite en in-folios froidement systématiques à notre avis, et où sont accumulés des statistiques, des doctrines, des arguments, des documents puisés principalement en Angleterre, et qui ne seraient en rien applicables, selon nous, ni aux colonies françaises, à moins qu’on ne veuille les anéantir, ni à notre situation politique et commerciale, à moins qu'on ne veuille l’affaiblir et l’abaisser, Et cependant c’est sur ces dires que le Gouvernement viendrait