Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

ER affaires, initiés aux fluctuations des intérèts commerciaux et industriels, le Gouvernement aurait obtenu des renseignements plus complets, des directions plus sûres pour la marche à suivre vers l'émancipation.

Le corps de la marine française se distingue par les qualités les plus brillantes et à la fois les plus solides; chacun sait tout le parti qu’on peut en tirer hors de la carrière nautique. Cependant, en portant ses regards en arrière, on comprend ce que là France, ce que nos floties auraient de gloire et de succès à regretter si les Duquesne, les Tourville, les Brueix, les Verhuel, si tous ces illustres amiraux que nous voyons avec lLant de salisfaction siéger au milieu de nous, eussent élé confinés dans des gouvernements coloniaux. Certes on peut supposer que Bougainville, Cook, La Peyrouse, d’Urville eussent été de bons administrateurs ; mais, si on leur eüt ouvert cette carrière, on se füt privé des explorateurs les plus hardis et les plus habiles.

Nelson, frappé mortellement à l’âge de quarante-sept ans par un balle partie dé la grande hune d’un vaisseau français, avait passé vingt-sept ans à la mer ; si l’on avait fait de lui un gouverneur, l’Angleterre n'aurait pas eu un Nelson. Au surplus on ne doit regretter que ce qui risque de gêner, de trop circonserire les choix du Gouvernement pour les hautes fonclions qui peuvent influer le plus activement et le plus utilement sur l'émancipation.

Jusqu'ici l'émancipation ne s’est présentée aux esprits que comme une réforme morale et religieuse, dont l'Etat serait tenu de faire tous les frais. A ce point de vue, l'indemnité aux colons propriétaires d’esclaves devient nécessairement une condition essentielle de l’émancipation, qui, sans celte mesure, ne serait, il faut en convenir, qu'un acle de spoliation indigne du Gouvernement, des chambres et de la nation; et, dès lors, l'opération devrail forcément se résoudre par un accroissement d'impôt à la