Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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place dans l'infanterie et la cavalerie, quand l'Ecole militaire fut transportée à Saint-Cyr; mais ce sont seulement les premiers élèves, en ce moment à Paris, qui s'étaient donné rendez-vous au Rocher de Cancale. Réduits à un bien petit nombre, par des guerres longues et terribies, c’est la première fois qu’ils songeaient à secompter. IL fallait pour cela qu’on rendit à leur admiration et à leur reconnaissance les cendres du héros qui leur avait ou-

vert la carrière.

Il y avait quelque chose de triste et de consolant, tout à la fois, dans cette sorte d’appel fait après trente-huit ans de dangers et de hasards. Chacun, se reportant à une époque d'illusions ct d’espérances, aimait à retrouver les traits du compagnon du jeune âge ; ct chacun se rappelant des jours de périls ou de gloire, disait comment le sort avait disposé de sa vie... Tous n'avaient pas eu les mêmes destinées! l’un avait vu s'ouvrir devant lui le chemin des grandeurs; l’autre n'avait pu obtenir qu'une obscurité honorable; mais tous conservaient purs les sentiments dont ils s'étaient montrés animés d’abord, et tous retrouvaient dans leur cœur ce feu sacré, ce dévouement à la patrie, que tant des leurs avaient payé de l'existence, et pour lequel ceux qui restent encore sont prêts également à faire

le dernier sacrifice.

Dans cette véritable réunion de famille, il a été reconnu

en consultant des notes recueillies avec soin, que jusqu’à

ce jour, parmi les einq cents premiers élèves de Fontaine-

Lleau, deux cent deux sont restés sur les champs de baaille ; cinq ont été faits lieuteuants généraux, vingt-huit et cinquante-sept colonels ou lieute:

marechaux de camp, nants-colonels. Les auires, pour la plupart, sont devenus

officiers supérieurs, où s'ils ont quitté Le service, ils occu-

pent dans le monde des positions distinguées.