Éloge de Vergniaud : discours de rentrée prononcé à l'ouverture des conférences de l'ordre des avocats de Bordeaux, le 4 janvier 1875
« n'entend point dégrader sa raison en se rendant l’apologiste du dogme absurde de l’inviolabilité. » Mais n'y a-t-il point eu là un véritable contrat ? Et quels étaient les contractants ? « Ce ne fut pas seulement l’Assemblée des représentants du peuple qui promit l’inviolabilité à Louis ; ce fut le peuple lui-même, ce furent tous les citoyens individuellement, par le serment individuel qu'ils prêtèrent de maintenir la Constitution.—Aujourd’hui, ajoute-t-il, vous pouvez déclarer, comme un principe d'éternelle vérité , que la promesse d’inviolabilité faite à Louis par le peuple ne fut point obligatoire pour le peuple ; mais au peuple seul il appartient de déclarer qu'il ne veut pas tenir sa promesse. Vous pouvez déclarer, comme un principe d'éternelle vérité, que le peuple ne peut jamais renoncer valablement au droit de punir un oppresseur ; mais au peuple seul il appartient de déclarer qu'il veut user du droit terrible auquel il a renoncé. »
Mais, dit-on, l'appel au peuple exciterait des troubles à Paris et dans les provinces. « La guerre civile, s'écrie l'orateur, pour avoir proposé de rendre un hommage à la souveraineté du peuple! Votre ambition était plus modeste dans la journée du Champ-de-Mars : vous rédigiez alors, vous faisiez signer une pétition qui avait pour objet de consulter le’ peuple sur le sort de Louis revenant de Varennes: votre cœur n'était point tourmenté par la crainte des discordes : il ne lui en coûtait rien pour reconnaître la souveraineté du peuple. Serait-ce qu’elle favorisait alors vos vues secrètes, qu'aujourd'hui elle les contrarie? N'existe-t-il pour vous d'autre souveraineté que celle de vos passions ? »
Mais ce n’est point assez d'avoir démontré l'hypocrisie de ces craintes, et Vergniaud renvoie aux adversaires de la Gironde l'accusation qu'ils lui adressent : « Oui, ils veulent la guerre civile, les hommes qui font un précepte de l'assassinat des amis de la tyrannie, etqui, en même temps, désignent, comme amis de la tyrannie, les victimes que