Entre slaves

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l’engagea à prendre des mesures énergiques, mais que faire avec une milice gagnée d'avance à la cause de la révolution? Il trouva la ville très agitée. Des milliers de paysans formaient des rassemblements non loin de la capitale. Le préfet Dmitroff était leur prisonnier.

Le gouverneur, d'accord avec son conseil privé et son conseil permanent, ordonna enfin l'arrestation des principaux chefs; mais il était trop tard.

Le dernier jour, sous la menace des événements, les directeurs du gouvernement tentèrent une dernière démarche au consulat de Russie : « Proclamons l'Union nous-mêmes ou nous tombons! » — On reçut comme réponse de Saint-Pétersbourg : Ordre de rester indifférent devant les événements.

On avait pesé le pour et le contre là-bas. Qu'importait la chute des conservateurs! Il serait toujours temps, croyait-on, de ratifier l'Union et on ne se serait pas compromis vis-à-vis de l'Europe, car si de graves événements s’en suivaient, que ferait-on? Était-on prêt à la guerre? Non! mieux valait donc s'abstenir.

Il était possible, il est vrai, que Battenberg recueillit un regain de popularité, mais ne pouvait-il pas tout aussi bien se casser le cou dans cette aventure ?

On n’embrassait pas alors à Pétersbourg toute la portée du coup que l’abstention allait porter à l’inÎluence russe en Bulgarie.