Entre slaves

LA RÉVOLUTION DE PHILIPPOPOLI 107

Pendant ce temps, une délégation de Rouméliotes était partie à Schoumla, au camp de l’armée bulgare réunie pour les manœuvres d'automne. Le Prince la reçut sous sa tente, d’où la vue s’étendait sur les sombres collines, assises de l’ancien camp retranché.

— Monseigneur, lui dit-on, nous venons vous remettre encore une fois un mémoire sur la situation en Roumélie. Le mouvement que nous vous avons tant de fois annoncé est imminent. Nous vous donnons notre parole qu'il éclatera avant quatre jours. Tout est prêt. Nous venons vous supplier de vous joindre à nous et d’affirmer par votre présence à Philippopoli le fait accompli; l’armée et le peuple sont d'accord.

— Je suis touché, répondit le Prince, de votre patriotisme. Vous savez bien que l’Union des deux pays n'aura pas de plus chaud défenseur que moi Mais, je dois vous déclarer que je considère cet événement comme inopportun. Vous aurez l'Union, je vous en réponds, mais attendez, Sinon, vous me placerez dans la plus fausse des positions; car vous ignorez que, cet été, j'ai eu une conversation avec M. de Giers. J'ai reçu la promesse qu'il interviendrait auprès du Tsar pour faire revenir ce dernier sur ses idées à mon sujet, mais par contre, j'ai dû promettre que tout resterait tranquille en Roumélie. Que ne me reprocherait-on pas, si vous donniez suite à votre projet?

Mais ce langage ne put en rien convaincre les délé-