Entre slaves

LA SERBIE EN 1883 5 9

gémir et se lamenter, mais agir pratiquement en s’entendant avec lui. Aucune autre politique ne convient à la Serbie dans les temps actuels. Plus tard, parbleu! on la modifiera s’il y a lieu. »

Mais c’est en passant à la question du jour que le ministre se nourrissait à son tour d'idéal et poursuivait les chimères qui hantaient l'esprit de ses compatriotes.

« Ces événements, continuait-il, vont ouvrir une nouvelle phase pour notre pays. Vous avez pu vous rendre compte de l’opinion qui règne chez nous. On nous talonne de tous côtés et, vraiment, comment ne serions-nous pas d'accord avec l'opinion? La situation que nous a créée le traité de Berlin est des plus dures. Nous sommes obérés par la construetion des chemins de fer. Les Bulgares gagnèrent plus que nous e1 1878, mais cela ne leur sufit pas et ils viennent de frapper un gros coup. Pourquoi n'agirions-nous pas de même? Ce n’est pas la jalousie qui nous excite. Nous sommes d'avis que chacun des peuples de la Péninsule balkanique doit lutter autant que possible pour son émancipation el l'établissement de sa nationalité, mais non pas au préjudice du voisin. Nous sommes un peu dans la situation des Français en 1867, lorsqu'ils virent clairement que l'unité de Allemagne allait s’accomplir Sous leurs yeux, menaçante pour leur sécurité et

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