Entre slaves

30 : ENTRE SLAVES

fonctionnaires, ministres, députés, notables mélangés à des groupes de dames, d'officiers et de popes. Tout ‘ce petit monde se connaît et cause familièrement.

Au milieu d’un groupe, un vieux pope, dont les yeux pétillent de malice, dit probablement quelques bonnes plaisanteries, car son rire haut secoue sa longue barbe de patriarche qui se découpe en blane sur sa robe noire. C'est le Métropolite. Chaque arrivant s'approche et lui baise la main, quil tend machinalement tout en continuant la conversation avec ses interlocuteurs. Va-t-on le voir chez lui, il se montrera encore plus sans façon. « Asseyez-vous et attendez un peu. J'ai là une bonne bouteille de slivovitz, à moins que vous préfériez les confitures? »

Dans cette société démocratique, le clergé national orthodoxe est partout chez lui. S'il abuse de sa situation, la question ne soulève ni tempête, ni révolution. Le peuple est religieux, mais un pope, fut-il métropolite, ne réussirait pas à l’ameuter, si perdant sa place, deux gendarmes viennent lui signifier l’ordre de quitter le pays. Cest simple et vite fait. Tel fut le cas du métropolite Michel, le prédécesseur de celui-ci.

-Des hourras éclatent au dehors, annonçant l’arrivée du roi. Des domestiques de la Cour affairés passent portant la garde-robe. L'un d'eux tient un immense portefeuille en maroquin rouge : les papiers du roi. Un tonnerre de « Jivio » salue le couple royal. Il s’avance à pas lents, pressé par la foule qui crie et