Entre slaves

LA SERBIE EN 1885 31

agite ses chapeaux. La jolie reine porte une gracieuse coiffure dont les brides encadrent son beau visage. Elle s’appuie doucement sur le bras du roi, penchée un peu de son côté, et son demi-sourire s'adresse à ses sujets qui l’admirent et auxquels il semble dire : « Vous voyez! En ce moment, il n’y a plus de divisions chez nous. Il part pour travailler à notre gloire! »

Et de fait, on aurait juré que ce couple s’aimait le plus tendrement du monde. Milan, sous son habit rouge, avait assez grand air. Ses yeux se portaient alternativement sur sa femme et sur la foule, son regard brillait d’orgucil et de pla’sir. Oui! il rapporterait à Belgrade un traité glorieux qui raffermirait son trône et son autorité, tant sur ses sujets que dans son ménage!

Le moment du départ approchait cependant. Les dames de la Cour, les ministres, les officiers de la suite entourent, plus pressés, le roi et la reine. Une émotion subite s'empare de tous. Les yeux se remplissent de larmes. Un orateur improvisé monte sur un banc et crie au roi que les vœux du peuple l’accompagnent dans sa patriotique entreprise, mais que ce dernier attend des résolutions énergiques. Milan se contenta de saluer de la tête. Puis, attirant la reine à lui, il l'embrassa deux fois longuement au milieu des « hourras » et des « Jivio. » Placé sur le marchepied de la voiture, il serra les mains qui se tendaient vers lui et monta enfin dans le compartiment, en adressant un dernier regard souriant à sa

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