Entre slaves

L\ SERBIE EN 1885 39

Dans un établissement qui servait de café, de restaurant, d'hôtel et de concert, soldats, officiers se coudoyaient dans une trop grande promiseuité au point de vue de la bonne discipline, autour de tables crasseuses, au milieu d’une afmosphère enfumée, doublée d’un relent de liqueurs, de cuisine douteuse. Onjouait aux cartes, au billard, en attendant les exercices. Le bruit des conversations était à peine couvert par les sons dun orchestre de dames. Les garcons effarés vous bousculaient en tenant des assiettes de goulachs, les filles de chambres, les cheveux épars, le corsage à peine fermé, jetaient des regards significatifs dans la salle et se retiraient rapidement tandis qu'aux rires, aux éclats de voix, aux bruits de carambolages, aux accents de la valse « le beau Danube » s'ajoutait un vacarme suspect dans les environs de la salle.

Sans être ridiculement rigoriste, on pouvait juger ici que l'officier ne savait pas, dans cette petite armée. rester suffisamment à sa place.

Le 6 octobre, tous ces demi-bourgeois, ces paysans en fustanelles qui traînaient par les rues leur mandat parlementaire, se réunirent à la Skoupchtina. La veille, on avait organisé une petite manifestation populaire sous les fenêtres‘du roi pour réchauffer un peu l'enthousiasme en vue du vote des crédits pour la guerre qu'on allait demander, et surtout pour rap peler à l’Europe, qui discutait à Constantinople.

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