Entre slaves

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LE RÈGNE DU PRINCE ALEXANDRE DE BULGARIE 63

L'autocratisme, la formidable et pesante luérarchie militaire et administrative du grand empire les cffrayaient et s'ils n’oubliaient pas leur reconnaissance à l’Auteur de leur délivrance, ils repoussaient, en vertu des principes acquis en Russie même, le système politique de la nation libératrice. Ils formaient bien corps, en somme, avec la jeunesse libérale russe, mais ils voyaient avec méfiance l‘uniforme du fonctionnaire russe.

Ces idées, dont Karavelof était l’un des r'eprésentants, devaient se modifier au fur et à mesure des nécessités de sa politique et se concilier avec des principes moins intransigeants.

Son collègue Zankof avait du Levantin, du Bulgare et du Russe. Il pensait en Russe, politiquait en Bulgare ctagissait en Levantin. D'une imagination vive, publiciste à Constantinople où il publia des écrits philosophiques très goûtés de la Jeunesse bulgare, aimant la politique en sceptique, et surtout pour les émotions qu'elle procure, ses convictions russophiles ne furent pas foujours prises au sérieux par les Russes. Plus âgé que ses compétiteurs politiques, il lui semblait naturel de jouer le rôle de Mentor. Volontiers, peut-être, se fut-il prêté comme instrument pour la formation d’un grand parti ni libéral ni conservateur, mais précisément cette disposition d’esprit inconstante le rendit suspect à ses compatriotes et il finit par perdre son crédit au point de laisser tout le terrain à Karavelof.