Entre slaves

LE RÈGNE DU PRINCE ALEXANDRE DE BULGARIE 81

1884 et en 1885, bien que seul le ministère de la guerre füt russe, tout marcha assez bien et, rancune à part, la Russie eût pu tirer de Battenberg, pendant celte période, les garanties les plus précises pour l’avenir : mais l’histoire devait s’accomplir.

Alexandre ne s’illusionnait pas. Ses intelligences à Pétersbourg le renseignaient exactement. Il se savait condamné dans l'esprit du Lsar. Tout ce qu'on obtendrait de ce dernier serait un ajournement.

À partir de 1883, on peut dire que le Prince vécut, relativement, dans l'angoisse du condamné à mort. Mais il était jeune et, contre toute vraisemblance, il nourrissait encore quelque dernière espérance. Peutêtre le hasard le sauverait-il. Il confiait alors un peu à tout le monde les embarras de sa situation, l’impasse où il, se sentait acculé. On recut de ses confidences à Londres, chez son frère, à Berlin, où une jeune princesse pensait à lui, et à Pétersbourg enfin.

Au milieu de cette tourmente d’intrigues qui souffait depuis son arrivée en Bulgarie, le neveu du Tsar n'avait eu ni le temps, ni l’occasion de contracter un amour profond pour sa nouvelle patrie. Ce qui dominait en lui, c'était la jouissance du pouvoir. Son tlévation vertigineuse le grisait. Prince souverain, l'idée qu'il pouvait redevenir simple mortel: titré, le tourmentait cruellement, d'autant plus qu’il était sans fortune, mais s'il s’attachait désespérément à son trône, son cœur ne le guidaïit pas dans cette résistance.

sn