Entre slaves

‘86 - ENTRE SLAVES

Conseil, qui jouissait toujours d’une influence incontestable sur cette masse électorale toujours hostile, quoiqu'il déclarât partout « que Karavelof, c’était un autre lui-même », comment eût-il pu se fier entièrement à son loyalisme, à sa fidélité?

Karavelof toutefois répondait, au moins en apparence, aux avances du Prince. Le pouvoir calme bien des rancunes. Les ennemis du ministre étaient à terre. Plus de Natchevitch, de Stoilof exécrés. Leurs créatures, qui encombraient les administrations depuis des années, avaient fait place à celles du part libéral.

Karavelof, très intelligent, remuant, agité, bulgare jusqu'au bout des ongles, avait un avantage sur les conservateurs, trop bourgeois. Il connaissait ses gens. Il allait partout, parlant aux paysans, jusque dans les petits villages. Cela suffisait, on l’acclamait et grâce aux procédés ordinaires de promesses, ses amis se comptaient en grand nombre. Ils lui resteront fidèles jusqu'au jour où un autre homme politique, qui s'appelle Stamboulof, viendra, par les mêmes procédés, détruire cette popularité fragile.

En attendant Karavelof était le maître.

Ge bulgare madré, cet ancien maître d'école, voyait clair dans le jeu du Prince. Il savait bien que celui-ci le supportait seulement et que son cœur était ailleurs.

Mais que lui importait, puisqu'il tenait le pouvoir et

que le Prince, vis-à-vis delui, ressemblait plutôt à un prisonnier qu'à un souverain. Seulement, il sentait le danger de sa situation. N’avait-il pas tout fait pour

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