Étude historique et biographique sur Théroigne de Méricourt

THÉROIGNE DE MÉRICOURT. 45

honorables membres de M'° Théroigne, il ne s’en soit trouvé aucun qui ait osé publiquement prendre en main la cause de cette nymphe adorable. »

« Adorable ! » Voilà l’épithète qu'amis et ennemis s’accordent à donner à Théroigne. C'est bien |’ « adorable furie » dont parle le vieux Balzac dans une lettre à Corneille, à propos de l'Émilie de Cinna. Le morceau du Rôdeur que nous venons de citer fait allusion à la jalouse rage des Apôtres excitée contre cette réunion de l’hôtel de Grenoble où tant de députés patriotes, isolés à Paris, loin de leurs familles, trouvaient comme un foyer chez cette jolie fille élégante et passionnée pour la politique. Dans le numéro 6 des Actes des Apôtres, publié vers le 10 novembre 1789, commence contre la belle Liégeoise la campagne qui durera pendant les dix trimestres de ce spirituel et cynique journal, C'est Champcenetr, le « clair de lune » de Rivarol, qui ouvre le feu.

« Le hasard, dit-il, m'a fait connaître M'e Théroigne de Méricourt. Les charmes de sa figure, les grâces de son esprit et, plus que tout cela sans doute, son ardent amour pour la liberté, m'ont retenu auprès de cette femme adorable. (Voilà encore le mot!) On pourrait l'appeler la muse de la démocratie, ou plutôt c’est Vénus donnant des