Étude historique et biographique sur Théroigne de Méricourt

58 THÉROIGNE DE MÉRICOURT.

tête à toutes les femmes », aspirait, lui aussi, à la main de l’amazone populaire ; mais une plus haute destinée était réservée à Théroigne : elle devait faire le bonheur du souverain Populus. Le jour du mariage est annoncé par soixante décharges d'artillerie dans les soixante districts de Paris. Tous les députés du côté gauche viennent à Suresnes, pour rehausser par leur présence l'éclat de la cérémonie. Un curé patriote donne la bénédiction nuptiale : « Allez, couple heureux, dit-il aux jeunes époux, couple constitutionnel, allez jouir de cette félicité que nos imbéciles aïeux n’ont jamais connue. Recevez, illustre membre du tout souverain, recevez des mains citoyennes de l’active Hébé cette fleur si rare, cette rose municipale, cet œillet organisé par la main de la Constitution, cette tulipe nationale sur laquelle nul pouvoir exécutif n’a jamais porté ses mains ministérielles. »

Les invités se pressent autour de la table du festin. Robespierre dit des couplets galants de sa façon ; une fête champêtre s'organise, deux cents bergers dansent un ballet, des naïades présentent aux époux des rubans tricolores. Tout à coup Brissot, membre du Comité des recherches, se précipite dans la salle, couvert. de poussière, ruisse-