Étude sur les idées politiques de Mirabeau

LES IDÉES POLITIQUES DE MIRABEAU. 23

a été attribué à son oncle le bailli de Mirabeau. Quoi qu'il en soit, l’orateur avait assez d'expérience des lettres de cachet pour en parler savamment. La première partie du travail contient déjà quelques idées pratiques sur l’organisation du gouvernement.

En Angleterre, il fit paraître ses Considérations sur l’ordre de Cincinnatus*. Les officiers américains avaient fondé, après la guerre de l'Indépendance, un ordre de chevaliers. Mirabeau attaque cette institution dans cet écrit, où il critique toute espèce d’aristocratie. D'ailleurs son travail n’était que la traduction (lémitation, disait-il) d’un pamphlet américain. Il contenait en outre des notes de Target et quelques traits de Chamfort. La Fayette proteste, dans ses Mémoires?, contre les erreurs que cet écrit renferme et certifie que les fondateurs de l’ordre de Cincinnatus avaient renoncé d'eux-mêmes à ce qu’il devint héréditaire et constituât un patriciat. Romilly voulut bien se charger de traduire de nouveau ce libelle en anglais®. Mirabeau se flattait d'obtenir encore de son ami un discours préliminaire de « l'influence du bonheur de l’ Amérique sur le reste du mondef. »

Dans ses Doutes sur la hberte de l’Escaut*, Mirabeau défendait les intérêts des Provinces-Unies contre l’empereur Joseph IT. Mais, en même temps, il se montrait protectionniste en économie politique, puisqu'il s’opposait à ce que l'Empereur profitât de la voie fluviale que lui offrait l’'Escaut. Ce pamphlet fut composé en Angleterre, d’après une lettre du réfugié genevois Chauvet, au dire de Dumontf, d’après les indications du publiciste anglais Benjamin Vaughan, suivant Romilly”.

Ici se placent les ouvrages financiers de Mirabeau pour lesquels il se faisait aider par Clavières. Les premiers furent ceux que Calonne lui commanda (1785). Il fit paraître d’abord un libelle dirigé contre la Caisse d'Escompte, établie par Turgot en 1776°. Il le fit suivre du pamphlet De la Banque d’Espagne dite de

1. Londres, 1784, in-8. Réédité en 1815.

2. V. IV, p. 39.

3. Romilly, Memoirs, v. I, p. 79 et 111.

4. Ibid., p. 291-292. Lettre du comte de Mirabeau à Romilly, Londres (jeudi), 1785.

5. Londres, 1785, in-8.

6. Souvenirs, p. 6.

7. Memoirs, v. 1, p. 111.

8. Romilly, v. I, p. 111.

9. Paris, 1785, in-8.