Étude sur les idées politiques de Mirabeau
60 F. DECRUE.
Avant qu’ils aient été convoqués, il blämela peur ridicule que l’on a de « recourir à la nation pour constituer la nation‘. >» Quand ils sont convoqués, il s’écrie que « c’est un pas d’un siècle que la nation a fait en vingt-quatre heures... Ah! mon ami, écrit-il à Mauvillon, vous verrez quelle nation ce sera que celle-ci le jour où elle sera constituée et le jour aussi où le talent sera une puissance. J'espère qu’à cette époque vons entendrez favorablement parler de votre ami?. » Quand l’Assemblée est constituée, il en soutient la légitimité dans son journal5, dans ses discours“, dans ses notes à la cour. « Une Convention nationale, dit-il à Louis XVI, peut seule régénérer la Franceÿ. »
Cette assemblée doit être permanente et nombreuse, car ses occupations sont multiples et la surveillance qu’elle doit exercer sur les affaires est le contrepoids indispensable du pouvoir royalf. Ses membres ne sont en fonctions que pour un temps limité et elle doit être périodiquement élue’. Ce retour successif des élections forme l'esprit public sans coûter beaucoup à l'États, Les députés peuvent être pris aussi bien dans le clergé et la noblesse que dans les communes®?. Quant au renouvellement de ce corps, Mirabeau, d’abord indécis, admet qu'il ait lieu tous les trois ans. Une législature de longue durée lui semble préférable, à condition toutefois que le roi jouisse du droit de dissolution ; des élections trop fréquentes, remarque-t-il, fatiguent le peuple. « Il faut rendre la liberté même douce et légère. C'est une plante difficile à cultiver; une main discrète l’arrose avec ménagement, une main imprudente l'inonde et la fait périr . » Leur mandat rempli, les députés peuvent-ils poser de nouveau leur candidature? Mirabeau varie sur cette question. Tantôt il admet la réélection à
{. Leitres à Mauvillon, p. 296 (23 novembre 1787).
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3. Courrier de Provence, n° 43, p. 5, v. VII, p. 355 et 445.
À. Moniteur. Discours du 19 septembre 1789 et du 17 février 1790.
5. Corr. Mirabeau-La Marck, v. I, p. 37.
6. Courrier de Provence du 8 juillet 1789. Archives parlementaires, p. 540. L'Assemblée doit contenir 720 députés élus au 2° degré. Moniteur, Discours du 10 novembre 1789.
7. Courrier de Provence, v. VIX, p. 151 (4 septembre 1789). Corr. MirabeauLa Marck, v. Il, p. 225 et 430.
8. Courrier de Provence, n° 35, p. 17.
9. Ibid., n° 35, p. 17 et 18. Archives parlementaires, p. 540.
10. Courrier de Provence du 12 septembre 89, p. 20.