Étude sur les idées politiques de Mirabeau

LES IDÉES POLITIQUES DE MIRABEAU, 91

parce qu'il poursuit la destruction du pouvoir ecclésiastique.

Enfin l'État a besoin de l'argent de l’Église. Tout en admettant l'existence d’un corps sacerdotal, ce corps, de même que la magistrature et l’armée, peut subsister sans être propriétaire. L'État a le droit de se servir de ses biens s qui ne ressemblent en rien à des propriétés-ordinaires. De même que le domaine de la couronne, ils ont été créés en vue du service public£. Le clergé en est le dispensateur et non le propriétaire, puisqu'il ne peut les alièner. L'Etat, à son tour, peut administrer ces propriétés”, dans l'intérêt public, aussi bien que le clergéf. D'autre part l’ État a le droit de modifier son organisation intérieure et de supprimer les corps qui le composent7. L'ordre du clergé n’existant plus, l'État lui sera tout naturellement substitué dans la proprieté de ses biens. Il pourra en prélever les frais du culte, le salaire des prêtres et les secours destinés aux pauvres®. Tels étaient les arguments de Mirabeau. Il les empruntait à Talleyrand°®. L’Assemblée les approuva et en accepta toutes les conséquences. L'ordre du clergé fut aboli, les biens ecclésiastiques confisqués.

Que devenait alors le sort des prêtres? Mirabeau les regarde comme de simples fonctionnaires, des officiers de morale et d’enseignement public. S’acquittant d'un devoir de l’État, ils méritent un salaire‘. Ce salaire doit être modeste et proportionné aux degrés d’une hiérarchie qui se trouve conservée“. Il remplacera les dîmes ecclésiastiques abolies®?. Les curès sont d’ailleurs des citoyens, jouissant, comme les autres, de la plénitude des droits

L. 1bid., v. X, p. 49. Moniteur. Discours du 2? novembre 1789.

2. Courrier de Provence, n° 62, p. 29.

3. Moniteur. Discours du 12 avril 1790. Courrier de Provence, n° 62, p. 34 eva.

4. Ibid., p. 38.

5. Ibid., p. 44.

6. Ibid., p. 40.

7. lbid., p. 22, 29 et 42. Moniteur, discours du 2 novembre 1789. Corr. Mirabeau-La Marck, v. L, p. 428; v. 11, p. 153, 197, 225 et 431.

8. Moniteur. Discours du 12? octobre et du 2? novembre 1789. Courrier de Provence, n° 53, p. 3 et 4; no 58; n° 62, p. 22 et 45.

9. Dumont, p. 219.

10. Le minimum de salaire fut fixé pour les curés à 1,200 livres sans le logement. 11. Lettres de cachet, v. I, p. 44, 47 et 61. Courrier de Provence, n° 53, p. 3 et 4; v. IX, p. 9 à 12

12. Monileur. Discours du 30 octobre 1789. Courrier de Provence, n°* 43 el 57.