Études historiques et figures alsaciennes

GŒTHE À L'ÉCOLE DE VOLTAIRE 127

philosophique, en dehors de toutes les données de l’histoire.

La pièce devait commencer par un monologue de Mahomet ; c’est une hymne composée d’après une surate du Coran, et prononcée en plein champ sous le ciel étoilé. Gœthe la croyait perdue; on l’a retrouvée après sa mort. Elle est formée de cinq strophes, rythmées à la manière antique, et marquant, pour ainsi dire, les degrés de l'initiation du prophète. Mahomet élève d’abord son âme vers les étoiles ; mais il songe aussitôt qu’un culte ne peut se partager entre une multitude d’êtres divins. Il distingue donc la plus éclatante des étoiles, Gad ou Jupiter ; mais déjà Jupiter s’abaisse sur l'horizon et tend à disparaître ; ce n’est donc qu'un dieu éphémère. L’hommage s'adresse ensuite à la Lune, au Soleil; mais la Lune et le Soleil disparaissent à leur tour. Que restet-il, sinon de se prosterner devant l’Être unique et infini, qui a créé le Soleil et la Lune et les

étoiles ?