Études historiques et figures alsaciennes

GOTHE A L'ÉCOLE DE VOLTAIRE 137

tenait avant tout à une diction irréprochable. On raconte qu'il fit un jour reprendre jusqu'à cinquante fois une phrase à une débutante, et comme à la fin les larmes étouffaient la voix de la pauvre fille, il lui dit : « Maintenant, ma chère enfant, rentrez chez vous, méditez tout cela, et demain, quand nous aurons répété la même phrase encore cinquante fois, nous arriverons sans doute à la bien dire. » Ce qui peut justifier la tyrannie qu’il exerçait, c’est l’état de l’art théâtral en Allemagne à son époque. Les acteurs étaient atteints de ythmophobte : l'expression est de lui. Iffland lui-même, que l’on compare quelquefois à Talma, n’aimait et ne disait bien que la prose. La tragédie française, et particulièrement celle de Voltaire, qui était encore dans sa nouveauté, fut donc pour les acteurs de Weimar une vraie école. Par elle-même, et pour le fond des sujets, elle n’apporta aucun élément nouveau à la poésie allemande, mais elle rendit possible la représentation d’/phigénie en Tauride et de Wallenstein .