Études historiques et figures alsaciennes

MADAME LUCIFER 143

propos qui courent sur son compte, ef qui la font souffrir, quoique sa conscience ne lui reproche rien. Le 21 juillet 1779 (elle avait un peu plus de seize ans), elle écrit : « Croyezmoi, ma chère amie, vous avez lieu de rendre grâce à Dieu de ce que vous n’êtes pas née sur une université. C’est le lieu le plus dangereux pour une jeune fille, et s’il dépendait de moi, je le fuirais, et je me cacherais dans quelque lieu de la terre où je pourrais vivre inconnue el tranquille, en possédant votre amitié. Je ne parle pas sans raison ainsi, chère Juliette, pardonnez-moi mes plaintes, mais en effet je ne suis pas si heureuse qu’on me croit peut-être. Il faut qu’on pèse chaque mot, pour qu’on ne l’entende pas, dans l'heure suivante, tourné d’une manière qu’on s’en effraye ; qu'on évite le moindre pas qui donne des soupçons, et on n’est guère plus soupçonneux qu'on ne l'est ici ; enfin, qu’on ne fasse rien sans avoir pensé et repensé mille fois les suites de la plus indifférente action. Et combien mal cadre cela avec

mon tempérament vif et étourdi !.…. Je suis