Études historiques et figures alsaciennes

MADAME LUCIFER 147

conversation, femme du monde surtout, cherchant à plaire et y réussissant facilement, mais capable aussi d’une affection sérieuse et d’une forte résolution.

Ses lettres achèvent de la faire connaître ; elle s’y peint au naturel et en toute franchise. Individualiste en morale, elle laissait à chacun le soin de se fixer un idéal de bonheur ou de perfection et d’en approcher le plus possible. Elle avait son idéal à elle, qui consistait, comme elle disait, à jouir noblement de la vie et, quand elle cédait à la faiblesse humaine, à ne pas s’en faire de reproches trop amers. Sa religion était celle de Fichte ; elle croyait au divin, sans éprouver le besoin de le personnifier et de lui dresser des autels. À propos d’une discussion philosophique entre Fichte et Jacobi, elle écrit : « Certaines paroles de Jacobi comme : « S'il n'y a pas de Dieu, je ne « Suis pas et ne veux pas être », ou: « Qu'est-ce « que le bien, si Dieu n’est pas ? » vont à l’encontre de mon sentiment intime, et, dans mon

petit raisonnement, je les considère même