Études historiques et figures alsaciennes

MADAME LUCIFER 153

qu’elle n’en demandait. « Son bonheur, dit-elle danslamêmelettre, était nécessaire à mon repos ; mais il n’a jamais été heureux, et le repos m'a fuie. J'aurais été capable de lui sacrifier mon amour, si lui, en homme sage et expérimenté, plus âgé que moi, m'avait conseillé, ordonné de ne plus voir Huber. Mais il était trop généreux pour cela, trop confiant aussi pour comprendre que je ne pouvais être à lui, trop porté à croire que mon sentiment pour lui pouvait changer. Que n’ai-je pas souffert pour haïr un tel homme, pour le tromper !... »

Le 21 octobre 1792, les Français entrèrent dans la ville. « Quel changement ! écrit Caroline. Le général Custine demeure dans le chàteau du Prince Électeur ; le club allemand des Jacobins se réunit dans la grande salle d’apparat; les cocardes nationales fourmillent dans la rue; on‘entend crier : Vivre libre ou mourir ! Nous avons plus de dix mille hommes de garnison. L'ordre et le calme règnent partout. L’aristocratie a fui; on ménage expressément

le bourgeois : c’est de la bonne politique. Si