Ferdinand IV et le duc d'Orléans : Palerme, 9-17 Mars 1813
FERDINAND IV ET LE DUG D’ORLÉANS 21
— Eh! cela jele comprends comme vous, savez-vous? Mais que voulez-vous que je vous dise? Notre Seigneur est mort sur la croix pour racheter le genre humain. Il a supporté ses souffrances avec patience et résignation. Moi je dois en faire autant. Je dois me résigner de même aux châtiments que Dieu m'envoie en expiation de mes péchés, et j'espère en Dieu, qu'il me donnera la force de le faire en vrai chrétien, ce que je suis, grâce à Dieu, et que Dieu soit béni et que sa volonté soit faite.
— $ire, tous vos malheurs et ceux de la Reine viennent de l'illusion sur la grandeur de votre puissance.
— Mais cette illusion-là, moi je ne me la fais pas du tout, savez-vous ? Tout au contraire. à
— Tant mieux, Sire, mais la Reine se la fait et je le lui ai dit bien des fois.
— Ah! la Reine, oui; mais pas moi. Moi je ne désire que la paix et la tranquillité, et je voudrais déjà être sous terre afin qu’on me laissât tranquille. Je voudrais être mort, Dieu le sait.
— Sire, j'espère que Votre Majesté vivra encore de longues années et qu'Elle trouvera la paix et la tranquillité sur terre.
— Oh! Dieu le veuille ! mais je n’en sais rien.
— Moi je m'en flatte, mais pour cela, Sire, il faut que Votre Majesté s'adapte aux temps où Elle vit; il ne faut pas qu'Elle fasse des entreprises qu'Elle ne peut pas achever et qui la mettent toujours à deux doigts de sa perte, parce que comme cela Elle se perdra infailliblement.
— Eh ! cela je le comprends comme vous, savez-vous ?
— Oui, Sire, mais quoique Votre Majesté le comprenne, Elle s’embarque sans cesse dans des entreprises de toute espèce, et, par exemple, cette fois-ci, quand vous êtes venu reprendre le pouvoir, voyez où cela vous a conduit.
— Oh! Jésus Marie, n’en parlons pas. Je l’ai fait parce que je n’ai pu déterminer la Reine à partir de la Ficuzza® qu'en lui promettant de le faire. Elle est partie, jai dû tenir ma parole. J’ai repris le pouvoir. Laissons tout faire à Dieu ; que sa sainte volonté soit faite et que Dieu soit béni!
1. Un des châteaux du Roi, sorte de rendez-vous de chasse situé au milieu des
bois, au pied du Bussamara. x