Garat 1762-1823

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tition et accompagner M. Garat? » Garat s'exécuta et chanta de mémoire presque tout l'opéra. La reine, enthousiasmée, donna le signal des applaudissements et félicita chaudement le chanteur. Le comte d'Artois le complimenta à son tour, ajoutant que « c'était déjà très bien et que lorsqu'il saurait la musique... » Mais il ne put en dire plus long, Salieri, se levant inopinément, emporté par son admiration, interrompit le prince : « Lui apprendre la musique! monseigneur! mais il est la musique lui-même‘! — Cependant, je vous le recommande », reprit le prince.

Garat ne s'arrêta pas là. Il contrefit ensuite tous les chanteurs qu'il avait entendus à l'Opéra, particulièrement Legros, au grand plaisir de ses auditeurs ravis de cette bouffonnerie. Enfin, il eut l'extrême honneur de chanter avec la reine et le comte d'Artois. Sa joie débordant, il ne put s'empêcher de s’écrier : « Ah! si mon père me voyait ici, qu'est-ce qu'il dirait? » Ce à quoi le marquis de Duras répliqua : « Monsieur, on fera en sorte qu'il n'aura pas lieu de le regretter ?. »

1. À rapprocher de la réplique de Sacchini au chanteur

Legros sur le même sujet, page 61. 2. Mémoires secrets, ouv. cit.