Garat 1762-1823

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ce qu'il avait appris, ajouta-t-il, c'était tout au plus à Bordeaux, quelques chansons en patois méridional et en langue basque. « Eh bien! voyons vos chansons », répliqua la reine. Garat ne se fit pas prier davantage, les désirs de la reine de France n'étaientils pas des ordres auxquels il n’y avait pas moyen de résister? Les restes de sa timidité première disparurent comme par enchantement et il fit entendre quelques airs basques ou gascons qu'il traduisait à mesure en français. Son succès fut complet, bien au-dessus même de ce que l’on pouvait espérer. Ce monde difficile, délicat et raffiné, trouva le chanteur exquis, le traducteur élégant, l’homme agréable. « Mais, ne savez-vous aucun morceau d'opéra? demanda la reine. — Je n’en ai rien appris, madame, mon père ne m'ayant permis de perdre mon temps qu’à l'étude du Droit. » Le mot fit rire la reine et les princes. « Quoi rien! reprit MarieAntoinette. — Mon Dieu, madame, je suis allé hier à l'Opéra; j'y ai entendu Armide et peut-être en ai-je retenu quelque chose. — Ah! voyons, monsieur Salieri, dit la reine se tournant vers

son accompagnateur, voulez-vous prendre la par-