Garat 1762-1823

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enthousiasmé de cette charmante reine que lui, pas plus que d'autres, n'avait pu approcher en vain, et qui lui avait dit en le congédiant : « Nous nous reverrons, monsieur. »

A partir de ce jour inoubliable, c'en fut fait à jamais des études de Droit, si négligées déjà. Les bancs de l’école ne revirent plus une seule fois notre étudiant, qu'ils n'avaient du reste vu que bien rarement jusque-là. En compensation, Garat prit bien souvent le chemin de Versailles pour aller chanter devant la reine et avec la reine. Marie-Antoinette, très musicienne comme l’on sait, appréciait grandement le charme de sa merveilleuse voix, si souple et si pure. Elle ne se lassait pas de l'entendre chanter ces airs basques et ces mélopées trainantes et tendres qu'il avait retenus des bergers du pays de ses pères, dans ses promenades à travers Ustaritz, Sare, Ossès, Itsatsou et les autres villages de la vallée de la Nive; ces mélodies issues du plain chant, et par conséquent, de modalité grégorienne, d’une si haute antiquité, d'un caractère si étrange, transmises à travers les

âges de père en fils telles que le Chori khantazale