Garat 1762-1823

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de les encourager par d’unanimes applaudissements, l'anathème qui pesait sur eux semblait naturel et légitime. L'opinion publique leur était nettement défavorable et hostile. La bourgeoisie, outrée et scandalisée des succès que les comédiens obtenaient à la Cour et. à la Ville, les décriait volontiers, et la noblesse, tout en les entourant d'adulations et de flatteries, jugeait en même temps indispensable de les maintenir dans une sorte d'esclavage. J.-J. Rousseau soutient que le comédien par état est « un mélange de bassesse, de fausseté, de ridicule orgueil et d’indigne avilissement, qui le rend propre à toutes sortes de personnages, hors le plus noble de tous, celui d'homme qu'il abandonne ‘». La nation, d'accord avec lui, professait à l'égard des comédiens un souverain mépris et une rare répugnance que leurs mœurs et leurs façons d'agir, malgré ce que l'opinion avait d’indulgent de ce côté, n'étaient pas faites pour diminuer. Leur morgue et leur insolence n'avaient d’égale que leur lâcheté. Enivrés des applaudissements qu'on leur

4. J.-J. Rousseau, OEuvres complètes, Lettre à d'Alembert, 30 vol. in-8. Dalibon, lib., Paris, 1824, &. IL, p. 126.