Garat 1762-1823

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prodiguait, ils en étaient arrivés à se permettre d'intolérables impertinences qu'un séjour plus ou moins long au For l'Évèque ou à Bicêtre punissait de temps à autre; mais ils n’en restaient pas moins convaincus, dans leur fatuité, que tout leur était dû, mais, qu'en compensation ils ne devaient rien à personne. Le comédien était donc frappé d’indignité, malgré la gloire acquise, malgré l'enthousiasme soulevé par certains d’entre eux et, chose étrange, inconséquence rare, justement à l’époque où chanteurs et acteurs avaient une si grande vogue et où le goût du théâtre était si répandu.

Nous avons parlé tout à l'heure du théâtre établi par Marie-Antoinette à Trianon’. L'exemple avait élé donné quelque trente ans plus tôt par la marquise de Pompadour en créant, en 1747, le théâtre des Petits Cabinets, sur la scène duquel montèrent des princes du sang et des représentants de la plus haute noblesse : le duc de Chartres, les ducs d'Ayen, de Coigny, de Duras, de Nivernais, de la Vallière; la maîtresse du logis, la marquise de

1. A. Jullien, La Cour el l'Opéra sous Louis XVI, 1 vol. in-12, Didier et C! édit., Paris, 1878.