Garat 1762-1823

GARAT. 63

Viganoni, Crescentini, dont la méthode impeccable et les voix merveilleuses ont suscité l'enthousiasme de tous ceux qui les ont entendus. Garat se lia sans tarder avec ces chanteurs transalpins et, grâce à sa prodigieuse mémoire, à son goût si fin et à son tact si délicat, il se perfectionna grandement à leur contact, s'appropriant leur méthode, reproduisant jusqu'à leurs voix, à ce point que, s'il lui prenait fantaisie d'imiter l’un d’entre eux, il produisait l'illusion la plus absolue. Pour parvenir à ce résultat, ‘il s’attachait pendant quelques jours aux pas, tantôt de l’un, tantôt de l’autre, et sa voix, avec une égale flexibilité et une non moins égale justesse, passait facilement des sons de la basse taille de celui-ci à la haute-contre de celui-là. Garat n'était ni une haute-contre, ni un ténor, ni un baryton, ni une basse. Par un caprice de la nature, son gosier se prêtait à tous les registres. Il était un résumé de toutes les voix. Dans une même soirée, il chantait les airs les plus opposés. Du pathétique, il passait sans aucun effort au bouffon ; du style le plus sévère, à la roulade et

aux fioritures. Il commençait par l'air de ser